Selfie et réseaux sociaux : le paradoxe de la communication

Partout où se pose mon regard, il ne croise plus que des flagrants délits de selfie. Heureusement pour eux, les coupables, trop occupés à s’admirer, ne s’en rendent même pas compte, mais à force d’ignorer le monde qui les entoure, ne vont-ils pas finir par en souffrir socialement ?

L’épidémie des selfies ne semble pas près de toucher à sa fin. C’est en me promenant sur les rives du fleuve Ibrahim dont les paysages sont époustouflants que j’ai pu observer de près l’une de ces créatures dont on tend à croire que leur téléphone leur a été greffé au bout de la main, voire qu’elles sont nées avec cette extension.

Tandis que je me laissais bercer par le mouvement de l’eau et le chant des oiseaux, cette jeune femme qui n’avait d’yeux que pour elle-même, absolument absorbée par sa propre image, arrangeant ses cheveux toutes les deux selfies, a fini par me fasciner.

Incapable de détacher mes yeux d’elle, je ne cessais de me demander : comment peut-elle être aussi peu pudique de son égocentrisme ?!

Voyant à quel point ce qui l’entourait la laissait indifférente, j’ai réfléchi à l’ironie de l’expression « réseau social ». Après tout, toutes ces photos sont destinées à être publiées sur la toile. Oui, et après ?

Réseaux sociaux antisociaux

Il est inquiétant d’utiliser l’adjectif « social » pour qualifier des sites virtuels qui encouragent à l’égocentrisme à son extrême. Qu’y-a-t-il de social dans le fait de ne s’intéresser qu’à soi et de n’accorder aucune attention à ce qui nous entoure ?

Pire encore, une nouvelle tendance serait en train d’émerger, celle des applications et sites permettant d’éviter les individus sur lesquels on souhaite ne pas tomber par hasard, comme l’explique cet article publié dans Le Monde .

Paradoxalement, les réseaux sociaux nous poussent à affronter de moins en moins de situations sociales n’impliquant aucune protection par un écran, une distance, un temps de réflexion, qui n’incitent que trop souvent à la lâcheté. Dire les choses en face se fait de moins en moins, et les relations humaines risquent d’en pâtir de plus en plus. L’article du Monde prédit d’ailleurs un bel avenir à l’anonymat, également en vogue sur les réseaux sociaux, ce qui promet d’encourager les comportements agressifs que nul n’assumerait en situation non-virtuelle.

Et tandis qu’Internet occupe une place de plus en plus prépondérante dans notre société, ne devrions-nous pas revenir à la simplicité des rapports sociaux réels, plutôt que de multiplier les relations virtuelles propices à la superficialité ?

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