Le droit de ne PAS garder le silence

« Soyez assez forts pour faire de l’autonomie une habitude
Soyez assez vous-mêmes pour vous démarquer de la multitude
Mais soyez aussi assez sages pour savoir quand vous unir en toute certitude
Lorsque le bon moment arrive sans aucun prélude »

Place à March qui a débarqué cette année à l’Université Saint-Joseph, mais aussi à l’Université Américaine de Beyrouth, à l’Université Libano-Américaine et à l’Université Notre-Dame de Louaizé. En y ouvrant de nouveaux clubs, cette organisation, fondée en 2011, cherche à élargir son cercle de bénévoles et de citoyens engagés. Son but : habiliter la société civile en la faisant parvenir à une entente malgré ses différences et en promouvant le respect entre ses groupes variés à travers la liberté d’expression.

Une liberté d’expression qui n’est d’ailleurs pas moins que le « catalyseur de la tolérance » selon les dires de la co-fondatrice et coordinatrice générale de March, Léa Baroudi, qui parle de la nécessité d’«apprendre comment nous mettre d’accord sur un désaccord ».

« Nous avons réalisé que la liberté d’expression est le droit qui accompagne tous les droits civiques et avons donc décidé de commencer par la base », explique-t-elle.

Ainsi, « vous avez le droit de ne pas garder le silence » est en quelque sorte le slogan de cette ONG se battant contre la censure médiatique au Liban et apprenant aux jeunes comment faire de leur droit à la liberté d’expression le fondement d’une coexistence pacifique.

Entre ses ateliers de travail, ses conférences, ses newsletters et son Musée virtuel de la censure, une base de données interactive en ligne affichant les cas de censure au Liban depuis les années 1940, March a un emploi du temps bien chargé.

Et il le faut bien à en juger par l’indice de la liberté de la presse internationale de l’année 2013. Selon Reporters Sans Frontières, le Liban a chuté de huit places depuis le rapport de l’année dernière et est actuellement classé en 101ème position, après des pays tels que le Guatemala, la Mongolie et le Kosovo.

« La Sûreté Générale, le ministère de l’Information et le ministère de l’Intérieur ont tous leur mot à dire quant à ce qu’il convient de publier », explique Baroudi. « Et puis il y a les autorités officieuses telles que les chefs religieux, les partis politiques et les ambassades étrangères qui, toutes, peuvent faire pression ».

Selon Rabih el-Chaer, professeur de droit constitutionnel à l’Université Saint-Esprit de Kaslik et conseiller de March, « la loi de censure des médias est vague et date des années quarante… [et] quoique l’article 13 de la Constitution affirme le droit à la liberté d’expression, les lois sont interprétées de différentes façons, ce qui conduit à une censure médiatique arbitraire ».

March n’est pas l’unique soldat de la guerre contre la censure médiatique. Plusieurs blogueurs exposent en effet ce problème en repostant ce qui a été censuré.

Tel est le cas de Gino Raidy, l’auteur de Gino’s Blog. « Les gens n’ont ni le temps ni la patience de suivre de près la violation de notre liberté de choix et d’expression », dit-il. « J’essaie de mettre en lumière les importantes violations dont j’ai connaissance, que ce soit des livres, des films ou tout le reste ». Et d’ajouter : « L’effet que peuvent avoir les sévères critiques du public à l’égard de l’extrémisme, du racisme ou du confessionnalisme est bien plus important que leur interdiction par la force de la loi ou de quelque ordre exécutif ».

Une autre blogueuse, Abir Ghattas, a été accusée de diffamation et acculée à supprimer le post ayant pour sujet l’ex-directeur général du supermarché Spinneys sans autre autre forme de procès.

Imad Bazzi, lui, a connu une amère expérience en 2003 : il a été battu et obligé à donner le mot de passe de son blog pour s’y être attaqué à l’armée syrienne. Le mur de la peur a été brisé depuis. Selon lui, les avantages de la campagne cybernétique est le fait que les blogueurs forment une sorte d’équipe spéciale et de groupe de pression contre la censure lorsque chacun d’entre eux défend la liberté d’expression de l’autre.

« Tant que ce que vous dites ne fait de mal physique et direct à personne, vous ne devez pas être empêchés de le dire », affirme Mustapha Hamoui, auteur du blog Beirut Spring. Si Hamoui pense que le futur de la lutte contre la censure médiatique est prometteur grâce aux réseaux sociaux qui rendent la censure impraticable et néfaste pour les autorités, Bazzi, lui, est plus pessimiste. Selon lui, le seul changement jusque-là est le fait que les ONGs et activistes ont réussi à briser le mur du silence et à sensibiliser le public au sujet de la censure médiatique.

« Les Libanais se plaisent à se répéter le mythe selon lequel nous vivons dans un pays libre », dit-il. « Mais le vrai défi, celui de protéger la liberté d’expression, attend toujours d’être relevé. D’ici là, une vigilance constante est de rigueur ».

Joséphine CANAAN

Yasmine SAKER. «MARCH and Bloggers Fight Censorship », in The Daily Starhttp://www.dailystar.com.lb/News/Local-News/2013/Mar-04/208693-march-and-bloggers-fight-censorship.ashx#axzz2RTX4CAe7, March 04, 2013.

 

 

Une réflexion au sujet de « Le droit de ne PAS garder le silence »

  1. La traduction ci- dessus, de l’anglais vers le francais, me donne de nouveau la certitude que la traduction n’est pas chose évidente ! J’apprends toujours quelque chose de neuf aussi ; quel bon conseil de traduction et de vie !

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