Demandes de logement : une longue attente…
Au Koweït, les jeunes couples sont acculés à vivre dans la maison familiale malgré le fait que le droit au logement est consacré par la Constitution.
Au Koweït, c’est un droit constitutionnel que d’avoir son propre toit. Ainsi, dès 1954, une institution publique d’aide au logement assure des unites d’habitation pour tous les budgets. Si ce logement n’est pas disponible, cette institution verse la somme de 150 dinars (environ 500$) pour permettre à la famille en question de louer une maison en attendant. La femme koweitienne dispose aussi de droits qu’elle soit mariée à koweitien ou à un non-koweitien, qu’elle soit célibataire et âgée de plus de 40 ans ou qu’elle soit veuve ou divorcée…
Où réside le problème, donc ? Le Koweït est réputé pour son niveau de vie élevé et les citoyens bénéficient de la générosité d’un État providence financé par les recettes pétrolières. Cependant, pour obtenir un logement, l’attente devient de plus en plus longue.
Marié depuis 10 ans, Talal Abdallah vient d’acquérir sa nouvelle maison subventionnée par le gouvernement. Talal est considéré comme chanceux parce que certains attendent leur tour pendant 15 ans. Où a-t-il donc habité pendant les dix premières années de son mariage ? « Dans la grande maison familiale, confie-t-il, et c’est une tradition propre à la société tribale qui permet au jeune homme d’habiter la maison de ses parents en attendant d’avoir son propre toit. »
Par contre, Noura El-Khaled, nouvellement mariée, n’a pas voulu attendre aussi longtemps. Elle a choisi de louer un appartement. À sa grande surprise, le loyer dépassait de beaucoup l’aide au logement versée par le gouvernement : 500 dinars contre 150…
Mais pourquoi les jeunes couples doivent-ils attendre si longtemps avant d’avoir leur propre logement ? Trois raisons sont souvent invoquées. D’abord, la hausse de la demande par rapport à l’offre : les chiffres officiels indiquent que les demandes sur le logement ont augmenté avec 98 000 demandes cette année contre 11 seulement en 1985. Une hausse due essentiellement à une évolution au niveau de la société : le passage de la famille élargie à la famille nucléaire. Ensuite, le manque de parcelles de terrain allouées pour la construction d’habitations exacerbe la crise : il n’est possible de construire que sur 7% seulement de toute la superficie du pays. En effet, 90% des terrains sont monopolisés par l’État pour les champs pétroliers, les bases militaires, l’installation des lignes haute tension, etc. Enfin, la hausse des frais de construction de nouvelles unités d’habitation ne fait que retarder les échéances.
Cette crise à l’effet boule de neige risque de perdurer : les jeunes Koweitiens sont condamnés à s’armer de patience en attendant des jours meilleurs.
Source :
ريما البغدادي. “دستور الكويت : يكفل حق السكن لكن الشباب لا يحبون الانتظار!”، في جريدة الحياة، 12 نوفمبر/تشريت الثاني 2012