Entre Gaza et Ramallah, l’immobilier balance

À Ramallah, les prix s’élèvent comme des gratte-ciels…

« J’ai rompu mes fiançailles à cause des prix des appartements à Ramallah ». C’est ainsi que Firas Saad al Din résume la crise immobilière en Cisjordanie et plus précisément à Ramallah, capitale économique des territoires palestiniens. « Lorsque je me suis fiancé, j’ai promis aux parents de ma future épouse de lui offrir un appartement à Ramallah. Sa famille y habite depuis des siècles. Je croyais que ça allait être simple, mais à chaque fois que j’économisais un peu, les prix me devançaient, et aujourd’hui, il ne me reste même pas assez pour couvrir le premier versement ». Il poursuit : « Depuis la deuxième Intifada, des milliers de personnes sont venues s’installer à Ramallah, et les prix sont montés en flèche. La vie à Ramallah est devenue très difficile ».

D’après un chercheur de l’Institut de recherche des politiques économiques palestiniennes (MAS) (Palestine Economic Policy Research Institute), Ibrahim Abou Hantash, l’offre et la demande sont élevés à Ramallah mais le problème réside dans l’écart entre les prix proposés et le pouvoir d’achat, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public. Ainsi, le déséquilibre entre l’offre et la demande mènerait à beaucoup d’appartements inhabités.

Pourtant, Abou Hantash n’exclut pas une éventuelle baisse des prix à cause de la situation politique à laquelle fera face le gouvernement palestinien, ce qui affecterait le pouvoir d’achat du secteur public et privé. « La crise financière actuelle a beaucoup affecté la demande, notamment chez les employés du secteur public qui sont les principaux concernés par l’achat d’appartements », a-t-il signalé. De plus, les banques sont de plus en plus réticentes quant il s’agit d’accorder des crédits aux employés, et pour cause, l’irrégularité de leurs salaires. Les demandes de prêts ont de toute façon beaucoup diminué depuis 2009.

Par ailleurs, le secteur du financement de l’immobilier est très chaotique et les autorités palestiniennes font face à divers obstacles puisque plusieurs terrains ne sont pas inscrits dans le registre des territoires palestiniens, particulièrement ceux de la zone C qui sont sous le contrôle de l’État hébreu. Toutes les constructions de cette zone courent alors le risque d’être démolies.

 Et à Gaza, interdiction de construire !

À Gaza, c’est une autre paire de manches ; ce n’est pas la hausse des prix des appartements qui constitue un obstacle, comme à Ramallah, mais l’embargo imposé sur la bande, qui entraîne une pénurie en ciment, en tuiles et en aluminium. Comme Firas, Mounjed Abou Hilal a dû reporter son mariage plusieurs fois parce qu’il manque de matériaux de construction pour achever la construction de sa maison. La crise immobilière y est principalement due à la destruction de milliers de logements par les forces israéliennes et à la croissance démographique à l’ombre de la fermeture des passages et de l’interdiction d’importer des matériaux de construction. De sucroît, le conflit intérieur continu entre Gaza et Ramallah et le manque de coordination entre les deux gouvernements exacerbent cette crise.

بديعة زيدان. ” رم الله ينقصها المال وغزة مواد البناء”، في الحياة، 12 نوفمبر/تشرين الثاني 2012، http://alhayat.com/Details/451890