41 000 sur 61 000 élèves ont échoué l’épreuve d’arabe au brevet libanais en 2013. Un tel nombre n’est pas choquant quand on sait que les élèves n’hésitent pas à dire à leurs profs : « Je ne sais pas comment dire ça en arabe ».
L’apprentissage et l’usage des langues étrangères sont fondamentaux pour les Libanais alors que l’arabe est devenu un « plus », une langue supplémentaire sans laquelle on peut facilement poursuivre et réussir ses études.
Il est évident que la langue arabe n’est plus la langue en vogue. Les Libanais ont souvent recours à l’anglais et au français sur les réseaux sociaux, et même quand il s’agit d’utiliser l’arabe, ce sont les lettres latines et les chiffres que l’on préfère écrire car c’est plus facile.
Tout le monde fuit cette langue ; même les étudiants universitaires tendent à faire des projets et des études en français et en anglais vu que la plupart des références existent dans ces deux langues. Pourquoi alors se casser la tête et être, de plus, contraint à traduire les références vers l’arabe ?
L’arabe au Liban est une langue officielle et maternelle pour la plupart. Et pourtant, le fossé entre l’arabe et les autres langues est en train de s’approfondir. Est-ce la faute des écoles ? des programmes scolaires ? des élèves ? de l’entourage polyglotte ?
La crise de la langue arabe au Liban est due, selon Patrick Rizkallah, professeur d’arabe et journaliste libanais, à maintes raisons :
- La perception que certaines classes sociales ont des langues étrangères considérées comme un moyen de prouver sa supériorité sociale et de se distinguer dans la société ;
- Les outils de la mondialisation tels que les réseaux sociaux qui imposent l’usage de l’anglais comme moyen de communication universel et facile à comprendre ;
- L’anglais qui est devenu la langue requise dans la plupart des domaines sur le marché de l’emploi ;
- L’allègement des cours d’arabe dans certaines écoles qui accordent la priorité aux autres langues ;
- Le manque d’intérêt à l’égard de toute actualisation des méthodes d’apprentissage et des contenus pour les matières comme l’arabe, l’histoire, la philosophie et la géographie.
Par conséquent, pour rendre à la langue arabe son statut de langue de communication, une solution s’impose, d’après lui : améliorer les conditions d’apprentissage et les contenus et avoir recours aux méthodes audio-visuelles.
Comme les civilisations, toute langue connaît son apogée et sa chute. Il est temps de remettre la langue arabe au goût du jour. Car une langue qui ne s’alimente pas de son “aujourd’hui”, restera toujours une langue d’antan.
أبو غزاله، فيرونيك. ” لبنان: فجوة خطيرة مع اللغات الأجنبية”، في جريدة الحياة، http://alhayat.com/Articles/688325/لبنان–فجوة-خطيرة-مع-اللغات-الأجنبية،١٩ فبراير/ شباط ٢٠١٤
C’est moi qui vous remercie pour votre encouragement continu Mme Gina! En effet, il serait inutile d’être bilingue ou trilingue alors que l’on méconnait ou l’on utilise mal sa langue maternelle!
C’est malheureusement très vrai! Et pourtant la langue arabe est l’une des langues les plus belles et les plus expressives du monde. L’homme est l’ennemi de ce qu’il méconnaît, dit-on! Il faut dire que les horreurs qui se passent de nos jours dans le monde arabe n’encouragent guère à l’utilisation de cette belle langue.. En attendant des jours meilleurs, nous continuerons à en porter vaillamment le fanion car être bilingue ou trilingue, c’est maîtriser avant tout sa langue maternelle. Merci pour ce bel article et tout ce que tu écris chère Sissi!