Il est difficile de nier la capacité des outils de traduction en ligne d’offrir à l’utilisateur le luxe de pouvoir accéder à un texte traduit en un clic de souris. Pourtant, ces outils réservent bien des surprises.
Une surprise qui a coûté cher à la compagnie pétrolière norvégienne Statoil quand elle a découvert qu’il était possible d’accéder en ligne à ses données confidentielles comme les contrats, les plans de réduction des effectifs et les lettres de licenciement. Et pour cause : les employés de Statoil ont tout simplement eu recours au service de traduction gratuit en ligne (Translate.com) qui les a stockées dans son cloud (nuage informatique).
Ayant eu vent de ce fâcheux incident, la bourse d’Oslo a tout de suite bloqué l’accès de ses employés aux services de Google Translate et Translate.com.
« Violation massive de la vie privée », c’est en ces termes que Slator, le site d’information de l’industrie de la traduction, décrit la situation après avoir mené ses propres recherches dans une variété étonnante de documents accessibles en ligne (comme les courriels échangés entre un médecin et une compagnie pharmaceutique mondiale, des lettres de licenciement, des avis de retard de paiement, etc.) qui comportent des données sensibles et confidentielles (noms, adresses électroniques, etc.)
Cependant, Translator.com voit les choses différemment ! L’entreprise avait averti les utilisateurs qu’elle avait recours au crowdsourcing (externalisation ouverte) pour améliorer les sorties machine. Ainsi, elle faisait appel à des traducteurs volontaires pour améliorer son algorithme en mettant à leur disposition des documents. «Toutes les traductions seront envoyées aux membres de la communauté pour en améliorer l’exactitude», avertit la compagnie sur la page d’accueil du site.
« Les requêtes de traduction – dont le texte à traduire – ont été référencées par les moteurs de recherche », explique la compagnie. Pour les supprimer, il suffit d’envoyer le lien URL à l’adresse suivante : support@translate.com.
La disparition permanente des données n’est pourtant pas garantie, d’après l’agence de presse NRK qui a pu les retrouver même après la demande de suppression.
« C’est du passé, commente Maria Burud, vice-présidente des ventes chez Translate.com car, à partir du troisième semestre 2015, Translate.com n’a plus recours aux volontaires donc il n’est plus nécessaire de stocker les textes pour les rendre accessibles au grand public.»
«Il ne faut pas oublier que Translate.com offre deux services : l’un est gratuit et ouvert au grand public, précise-t-elle, alors que l’autre est protégé, confidentiel et spécialement destiné aux entreprises. Les documents confidentiels de Statoil découverts par l’agence de presse norvégienne ont été en effet traduits via le service gratuit.»
« Nous sommes désolés et nous le regrettons », confesse-t-elle. « Quoi qu’il en soit, il faut faire preuve d’une vigilance extrême lors de l’utilisation d’un service de traduction gratuit en ligne – qu’il soit le nôtre ou celui de Google Translate. Il est nécessaire, d’une part, d’anonymiser les données soumises et d’éviter, d’autre part, de copier/coller des informations sensibles dans Internet », conseille-t-elle.
La gratuité ayant ses propres contraintes et risques, il n’y a donc plus lieu d’hésiter quand il faut choisir entre des outils peu fiables et un traducteur humain qui a prêté un « serment de confidentialité »…
LIVNI, Ephrat. If you value your privacy, be careful with online translation tools. [en ligne]. https://qz.com/1075524/if-you-value-your-privacy-be-careful-with-online-translation-tools/