La tragédie égyptienne a bien trouvé ses spectateurs-victimes en 2013. Après un Ier acte « fanatique », les Égyptiens ont connu un Vème acte dramatique sans que la tragédie ne prenne vraiment fin…
L’année 2013 s’est terminée en laissant des cicatrices surtout dans le cœur des jeunes : certains sont blessés moralement et d’autres physiquement. Certains sont fatigués à force de faire des révolutions et d’autres sont prêts à lever le drapeau dans la Place Tahrir encore une fois. Certains ont gardé leur sang froid sans recourir à la violence alors que d’autres ont tout mis à feu et à sang. Autrement dit, les cicatrices de l’an 2013 se manifestent par les oscillations et les chavirements d’un navire comportant une jeunesse égyptienne divisée.
Entre légitimité et Charia (loi islamique), l’avenir de l’Égypte est incertain. Quant aux jeunes, ils ont perdu la boussole. La révolution n’a pas pu atteindre ses buts et le nouveau régime corrompu et fanatique de Morsi était trop occupé à faire des changements d’un «autre genre». Et le peuple égyptien s’est retrouvé soumis encore une fois à un chef dictateur ; le voilà encore divisé mais cette fois-ci entre partisans de la longue barbe et partisans de la tenue militaire.
De plus, la division des jeunes n’est que l’un des conflits qui poussent côte à côte avec les fleurs du printemps arabe : la perception des jeunes de la violence et de la répression n’est plus unanime. Certains pensent que la répression sous toutes ses formes est inadmissible alors que d’autres la tolèrent puisque, à leurs yeux, un corps rompu, corrompu et contagieux doit être urgemment amputé de la société. La tolérance et la justification de la répression viennent suite aux événements que les Égyptiens ont récemment vécus tels que le fanatisme, l’ignorance et l’abus religieux.
En fin d’année, le cauchemar causé par les Frères musulmans est presque terminé quoique le grand cauchemar ne le soit pas ; le printemps égyptien n’a pas encore fleuri. Quant aux partisans des Frères musulmans, les partisans d’autrefois, ils ont été chassés de leur paradis sur terre, le gouvernement. Ces jeunes ne sont pas contents du nouveau gouvernement « illégal » qui les considère comme terroristes. Or, ils ne sont pas terroristes…quoiqu’ils continuent à faire des escarmouches, à provoquer la violence et à déranger les milieux académiques tout en revendiquant le retour de Morsi qui veut régner sur un peuple qui n’aime pas la liberté… la « liberté » telle qu’elle est perçue par les Frères musulmans !
Entre anti Frères musulmans et pro Frères musulmans, il existe une troisième catégorie de jeunes qui tournent la page sur une année 2013 marquée par les crises économiques, sociales et judiciaires et entament l’an 2014 avec l’espoir de trouver paix et tranquillité. L’an 2013 a connu non seulement des crises de toutes sortes, mais il a connu aussi une augmentation du taux de pauvreté qui a atteint les 26.3% de la population. Le taux du chômage a aussi augmenté pour toucher 13% d’Égyptiens dont la plupart sont des jeunes.
Voilà. Le bilan de l’année 2013 pour les jeunes est un bilan négatif. La jeunesse est désormais touchée par la scission. Chaque partie et chaque parti donnent à leur guise des définitions du printemps arabe : les fleurs de l’un sont les épines de l’autre et vice versa ! Tant que la jeunesse égyptienne en particulier, et la jeunesse arabe en général ne sont pas unifiées et tant qu’il y a toujours des « anti » et des « pro », nous allons toujours osciller entre un printemps et un anti-printemps…
http://alhayat.com/Details/589644 .خيري، أمينة. “جردة مصرية لعام 2013: بداية “إخوانية” و نهاية درامية “، الأحد 5 كانون الثاني 2014