« L’âme des [traducteurs]-poètes »

Il est évident que la traduction des œuvres littéraires, et notamment celle de la poésie, est la plus difficile des traductions. Dans les autres domaines, un travail de lexique est certes demandé, mais en littérature, il faut non seulement traduire mots et phrases, mais il faut aussi traduire émotion et esthétique. Autrement dit, la traduction littéraire traduit aussi ce qui n’est pas écrit sur les pages.

Il est donc ridicule de négliger le dur labeur du traducteur littéraire car il lui est demandé d’être aussi bien familiarisé avec les structures et les genres de littérature de la langue d’origine qu’avec ceux de la langue d’arrivée. De plus, il doit avoir l’oreille sensible aux rimes et aux musicalités se trouvant non seulement dans les poèmes, mais aussi dans maintes structures romanesques et théâtrales.

On a beau dire que le traducteur littéraire vit dans la sentimentalité et l’exagération. Ceci n’est pas vrai car ce genre de traducteurs en particulier traduit l’intraduisible et concrétise l’abstrait. Ainsi, il sera invité à errer dans un monde de livres où ” toutes les âmes intérieures des poètes [et des traducteurs] sont amies et s’appellent les unes les autres”, comme dit Proust.

En somme, la traduction littéraire est un travail délicat et complexe qui consiste en la traduction tant du corps très stylisé d’un texte que de son âme. Si l’on refuse d’admettre cette réalité, c’est parce que l’on n’est plus sensible à la beauté…c’est parce que l’on a perdu son âme.

Saint Jérôme

Saint Jérôme traduisant

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